projets d’aliances productives (pap) :
Quelles stratégies pour promouvoir les chaines de valeurs émergentes à haute valeur ajoutée ?
Le secteur primaire occupe une place prépondérante dans l’économie nationale avec une contribution de 40,90% au PIB contre une contribution de 18,85% attribuée au secteur secondaire selon une enquête de l’institut de statistiques en 2018. Ainsi, l’agriculture demeure le moteur du développement du pays et l’Etat fait des efforts en allouant annuellement 15% du budget national à ce secteur.
L’analyse du contexte naturel du Mali met en évidence un potentiel important de ressources naturelles (terre, eau, ressources) et humaines pouvant être valorisé pour produire efficacement et diversifier les productions, notamment les cultures vivrières, maraîchères et fruitières et donner un positionnement stratégique sur les marchés pour impulser une réelle dynamique des groupements de producteurs et de leurs faîtières actives.
En dépit de ce capital naturel et humain potentiellement productifs, des opportunités techniques et des débouchés commerciaux, les producteurs agricoles maliens rencontrent d’énormes difficultés pour améliorer leur productivité et augmenter la production locale, pour conserver, transformer et écouler leurs produits agricoles.
Au-delà des aléas climatiques avec une pluviométrie et une pluviosité irrégulière rendant aléatoire les conditions de production, des difficultés sont liées à des systèmes de production quasi-traditionnels encore peu performants. Par exemple, le taux très élevé d’utilisation des semences traditionnelles, l’absence de mécanisme de renouvellement des semences, le niveau faible des équipements de travail des sols, la faiblesse des investissements agricoles au niveau des exploitations.
De plus, les paysans utilisent jusqu’à présent des techniques peu évoluées de conservation des eaux et des sols. Des pertes post-récoltes demeurent très importantes avec une insuffisance des structures de stockage, des unités de transformation artisanales ou semi-artisanales, et la précarité des modalités d’écoulement. Le tout aggravé par des habitudes alimentaires qui n’ont pas encore suffisamment évolué, mettant au second plan les produits transformés et le développement de l’industrie de transformation.
Même avec une acuité variable d’une zone agro écologique à l’autre, ces difficultés entravent plus ou moins la mise en valeur pleine des conditions favorables à l’amélioration de la production et de la productivité, à la diversification agricole et des revenus des exploitations agricoles, la création du lien étroit entre l’agriculture et l’industrie agroalimentaire. Mais, il existe des solutions techniques, financières et infrastructurelles idoines à l’ensemble des contraintes identifiées.
C’est dans ce contexte que le Projet de développement de la productivité et de la diversification agricole dans les zones arides du Mali (PDAZAM) a été initié par le gouvernement du Mali qu’il cofinance avec la Banque mondiale. Le budget total alloué au PDAZAM est de 60 millions de dollars des Etats Unis dont 30 milliards de don.
Une réponse adaptée aux défis agro-climatiques des zones arides
Le PDAZAM répond aux défis majeurs liés à l’amélioration durable de la productivité agricole et le renforcement de la résilience des petits producteurs et des ménages ruraux dans les zones arides de Diéma, Nioro du Sahel et Yélimané dans la Région de Kayes ; de Kati, Kolokani et Nara dans la Région de Koulikoro, de Bandiagara, Douentza, Ténénkou et Youwarou dans la Région de Mopti ; de Niono et Ségou dans la Région de Ségou.
Il vise pour objectifs la productivité et la diversification des produits agricole au Mali.
En économie, cela s’entend par le rapport entre la valeur ajoutée et la quantité de facteurs de production utilisés pour la produire, notamment le capital et le travail. La valeur ajoutée (VA) est mesurée par la différence entre la valeur totale des biens produits et celle des biens et services consommés au cours du cycle de production.
En la matière, les interventions du PDAZAM visent à la fois la productivité du travail et celle des intrants (capital) par le transfert des techniques et des technologies agricoles et leur vulgarisation afin d’améliorer la productivité et accroître la production alimentaire.
La productivité du travail est recherchée par la diffusion des techniques de gestion durables des terres, de rétention/conservation des eaux, de fertilité, etc. Pour ce qui concerne la productivité des intrants, elle se fera par l’introduction et la promotion de technologies agricoles améliorées qui y concourent telles que l’utilisation des engrais et des variétés améliorées, les technologies climato-intelligentes et les bonnes pratiques agricoles.
En route depuis mars 2019, Il promeut une stratégie multiforme pour atteindre un résultat uniforme, celui de l’amélioration de la productivité et de la résilience des populations bénéficiaires. Trois composantes et 9 sous composantes fondent la stratégiemultiforme qui désigne un ensemble d’interventions sociales, sociotechniques combinées aux ménages/communautés pauvres et vulnérables pour offrir des possibilités d’améliorer la situation de vulnérabilité des communautés des zones d’intervention du projet.
Les interventions spécifiques et interalliées de cinq composantes regorgent des soutiens aux vulnérables et au cadre d’élaboration et de suivi de la Politique agricole nationale, réalisent et mettent en valeur des infrastructures productives et commerciales pour améliorer la résilience des communautés des zones arides et semi-arides du Mali et de leurs équipements/infrastructures. Il s’agit de la Composante 1, consacrée à l’amélioration de la productivité et de la résilience des populations bénéficiaires, de la Composante 2, se rapportant aux infrastructures de production et de commercialisation au niveau des communautés et enfin de la Composante 3, destinée à l’appui institutionnel, la gestion des crises et la coordination du projet.
Le PAP ; un accord économique en phase avec les évolutions du contexte agricole
Au Mali, depuis plusieurs années, l’évolution marquée des conditions techniques et économiques de l’activité agricole dans son ensemble, a bouleversé les structures traditionnelles d’exploitations agricoles au profit des structures modernes intégrées et autour de filières spécifiques, informelles ou formelles, procédant à des achats groupes, des ventes groupées, des formations groupées, crédits solidaires, demandes de financement, etc. : Associations Villageoises (AV), Coopératives, etc.
Pour impulser le développement agricole et obtenir la croissance économique, le PDAZAM a fait le choix de filières rentières dont les produits s’insèrent dans des processus de commercialisation et de transformation au niveau national et d’un modèle d’intervention, communautaire, pro-pauvres et plus durables, s’appuyant sur une structuration spécifique entre les acteurs de la chaîne de développement des filières. Cette stratégie applique l’effet du « groupe » qui recherche l’efficacité d’une trame contractuelle sociale, juridique et économique tissée entre une exploitation agricole et son groupement. Ce modèle de groupe intégré par le producteur est accompagné par l’approche « Business model » qui vise une amélioration des relations commerciales entre un groupement de producteurs et un ou des acheteurs appelés agrégateurs. Ce qui donne le Projet/Microprojets d’Alliances productifs (PAP) qui est défini comme un accord économique entre d’acteurs bien identifiés d’une chaîne de valeur localisée, couvrant tout ou partie des maillons de la chaîne, ayant des relations d’affaires et susceptibles de mettre en œuvre un microprojet d’investissement pour améliorer la production, le transport, la transformation et la commercialisation. Un PAP peut présenter plusieurs dimensions en fonction du nombre de maillons impliqué. Il peut s’agir d’un seul groupement ou une seule union de groupements de producteurs pouvant former un PAPA avec un seul Agrégateur qui peut une entreprise de commercialisation du produit brut ou une unité de transformation. Ou encore, il peut s’agir de plusieurs groupements de producteurs pouvant, primo contractualiser avec une seule entreprise de commercialisation ou de transformation ou secundo plusieurs entreprises de commercialisation ou de transformation, ou encore autant de combinaison d’entreprises de commercialisation et de transformation.
Les ressources financières nécessaires au microprojet sont réunies par le principe du cofinancement avec un taux de 15% pour le bénéficiaire et 85% de subvention. L’apport du groupement de producteurs est un principe fondamental pour assurer l’appropriation et la mise en œuvre effective du microprojet.
PAP : un intérêt partagé entre les acteurs participants
Le Projet d’alliance productifs procure des avantages à chaque partie prenante. Le financement des activités de production, productivité et de diversification fait travailler à la fois plusieurs autres maillons de la chaîne de valeurs.
Pour les fournisseurs d’intrants agricoles ou agro dealers, la participation au PAP est un créneau pour faire évoluer surement le business. Être membre d’un PAP garantit pour l’agro dealers les bons de commandes des producteurs à savoir les semences, les engrais, les pesticides et de l’agrégateur.
Pour les producteurs, il s’agit à l’entrée de bénéficier de la subvention ou d’une assistance technique pour l’amélioration du niveau d’équipement, pour l’accès aux intrants agricoles de qualité, ou encore de bénéficier d’un service de conseils agricoles, lui permettant de diminuer les coûts de production, d’accroître la qualité et la valeur de ses produits. En rapport avec l’accès aux marchés, le PAP, c’est aussi une anticipation sur le marché d’écoulement pour les producteurs.
Pour les agrégateurs/les acheteurs, c’est-à-dire les commerçants de produits bruts ou unités de transformation, le PAP est la garantie de la satisfaction des besoins de matière première. Pour bénéficier de la matière première groupée par contrat de production qui peut fixer les variétés, les normes de production, les pratiques post-récoltes.
Le transporteur a un rôle de roi dans le développement de la chaîne de valeurs. C’est lui l’acteur important qui a un contrôle certain dans plusieurs étapes de la chaîne de valeurs de produits agricoles à petite échelle, ainsi que dans le commerce transfrontalier. Il assurera le transfert des produits vers les centres de consommation et ses affaires vont fleurir dans un contexte d’enclavement légendaire des zones de production et surtout s’il est spécialisé ou équipé pour respecter certaines conditions de transport convenues au préalable avec le client
Les producteurs manquent généralement d’infrastructures de stockage aptes à une conservation de longue durée dans des conditions idoines. Les propriétaires de locaux appropriés peuvent participer au PAP et louer des espaces aux groupements pour une conservation longue durée dans des conditions qui n’affectent pas la valeur marchande des récoltes pour obtenir de meilleurs prix.
AMADOU BAKAYOKO SPECIALISTE EN ECONOMIES DE FILIERES AGRICOLES DU PDAZAM
En savoir plus sur le projet :
La Composante1. Comme déjà indiqué, elle est dédiée à l’amélioration de la productivité et de la résilience des populations bénéficiaires et l’augmentation de la productivité agricole des agriculteurs et des groupements d’agriculteurs. Elle comprend trois sous-composantes avec des objectifs et budgets spécifiques. La première sous composante est l’extension du Registre Social unifié (2,5 millions de dollars EU, 100% IDA). Cette sous-composante soutien le développement du système de protection et des moyens sociale, suit et évalue la mise en œuvre de la sous-composante la seconde sous composante qui se rapporte aux transferts monétaires sociaux directs et transferts monétaires productifs à deux objets selon le mode d’utilisation des ressources. Elle cherche à « redonner » à l’individu vulnérable son statut d’actif par deux types d’appuis de transferts monétaires opportun et subventionnés. Un Transfert monétaire direct (TMD) lui permettant d’accéder à une alimentation, de recouvrer la santé, etc. Mais rendre actif ne suffit pas au risque de retomber encore. C’est pourquoi, la cible bénéficie d’un transfert monétaire productifs pour financer de petites activités productives, protéger les moyens de subsistance, diversifier ses sources de revenus et accumuler des actifs productifs ; notamment l’acquisition d’intrants, de kits d’élevage ou de petits équipements. Enfin, la troisième sous composante est relative à la promotion des chaînes de valeur émergentes des cultures à haute valeur ajoutée. L’objectif principal de cette sous-composante est d’augmenter la production pour répondre à la demande du marché national et régional tout en générant des revenus plus élevés pour les acteurs des chaînes de valeur et en créant des opportunités d’emploi.
Le PDAZAM apporte des soutiens techniques et financiers aux initiatives de développement de production, de la productivité et de la diversification agricole, d’amélioration des conditions de l’accès aux marchés.
Je suis intéressé pour les activités de ce projet. Je veux entreprendre